Duo d'écriture Visibles-Mots 2017 - 2019

Bonjour,

Voici la présentation prospective que nous avions développé au cours de cette période, ma collègue et moi-même :

Nous sommes un Collectif amateur : les Visibles-Mots.

Notre activité est non professionnelle. Nous développons un projet d'écriture, au format théâtre, depuis juin 2017 : travail d'expression faisant rotation entre espace scénique, table d'écriture et confrontation publique. Nous partons en amont des techniques introspectives d'Augusto BOAL (Théâtre de l'Opprimé.e).

A plusieurs reprises et depuis mai 2018, nous avons proposé des lectures à voix haute de nos textes auprès de groupes de connaissances de 5-6 personnes, entre Niort et Poitiers, principalement au Café du boulevard ( Melle 79).

Après notre lecture en duo, nous donnons la possibilité aux participant.es d'émettre des critiques, remarques et suggestions concernant la forme ainsi que le contenu de notre texte.

Notre production écrite est donc le fruit d'un travail en collectif issu de ces restitutions publiques.

Nous avons par conséquent nommé ces animations LECTURE-DÉBAT ; l'un des objets de celles-ci visant par ailleurs et en définitive à susciter la réflexion et la discussion, en échangeant sur la thématique psychosociale abordée :

" La visibilité LGBTI / l'homophobie au travail " .

Temps estimé : 1h15.

L'animation se déroule en deux temps :

- Écoutes actives de 3 dialogues de 5 minutes chacun

- Développement d'un questionnement après chaque lecture, auprès des auteur.ices (sur la forme et sur les contenus) mais aussi en s'adressant directement aux personnages évoqués.

Au cours de festivals ou autres, nous souhaitons, de cette façon, continuer de réaliser des animations dans un café/bar (ou autre) sous certaines conditions afin de pouvoir favoriser l'écoute et la parole :

- Possibilité de s'asseoir en cercle autour de tables

- Possibilité de pouvoir s'entendre (lieu pas trop confiné, éloigné de machines bruyantes par exemple) 

- Groupe d'une dizaine de personnes par événement, afin de pouvoir rester dans le débat et l'interaction 

- Lieu ouvert / friendly de préférence en regard des thématiques abordées durant l'animation (sexualité, homophobie, discrimination, communication au travail).

Par ailleurs, Noémie Magnant de Poitiers-Jeunes nous a proposé, en mars 2019, un enregistrement pour l'émission Zazous, retransmise sur Pulsar et RCF le 24 avril :

https://rcf.fr/culture/collectif-visibles-mots

Interview dans un premier temps sur le sujet du Théâtre de l'Opprimé.e, puis lecture d'un extrait du travail d'écriture réalisé. 

Pour finaliser, nous avons participé au festival Les Expressifs 2019 début octobre ; nous avons été accueilli.es par le bar L'Envers du bocal de Poitiers.

Daniel Coineau

06 27 11 07 63

danielcoineau@yahoo.fr

Adeline Clochet

06 50 35 00 18

pillinamantes@hotmail.fr

NOUS RECHERCHONS DE NOUVELLES PERSONNES POUR LA CRÉATION D'UN NOUVEAU PROJET

En parallèle et toujours dans un cadre de loisirs, le collectif recherche à développer un 2e projet, similaire au niveau technique, avec 1 voire 2 autres participant.es.

La démarche débuterait, de la même façon, par une recherche autour des techniques introspectives d' A. BOAL, en vue de constituer une écriture au format théâtre, dans la dynamique d' une thématique psychosociale.

Dans cet esprit de recherche, diverses finalités seraient néanmoins possibles , selon les envies de chacun.e : jeu de rôle social, interprétation ou lectures de textes déjà existants, enregistrement radiophonique, autres.

TEXTE ISSU DU TRAVAIL : " VISIBLEMENT "

[...]

2ème dialogue

6 mois se sont écoulés.  RACHEL  et ESTEBAN sortent de réunion et marchent à l’extérieur du bâtiment de Techni-eâu Entreprise.

R - A plus, les collègues ! A demain Cécile, je suis garée au 2e parking du siège !

E - Moi aussi.

Silence agacé d’Esteban.

R- (Regardant sa montre) Cinq heures moins vingt? J’enchaîne à la garderie dans 20 minutes ? T'as 5 minutes pour discuter?

E- (Distant) Euh…. si tu veux. Qu'est-ce qu'il y a ?

-C'est à propos de Cécile ... Elle a encore eu besoin de me provoquer, hein ! cet après-midi, en plein milieu de réunion. Nous sommes en juin, elle m’a fait le coup il y a 6 mois, et ça recommence ! Je sais qu’on ne s'entend pas trop toi et moi, mais toi qui la connais si bien, qu'est ce que t'en penses ? Tu as entendu cette fois, au cours de la réunion ? !

-De quoi ? Rachel, je débauche ; en fait, je n'ai pas envie de rentrer là-dedans. Ce ne sont pas mes histoires.

-Mais ça te concerne un peu aussi, Esteban.  

(Hésitante) Ça m'agace … qu'elle sous entende… que j'estimais que …. vous étiez… que vous aviez un point commun toutes ... heu… tous les deux. Enfin, tu vois ce que je veux dire ...

-(Gêné) Oui, je vois bien.

 -Ce regard… avec l'arrière-pensée qui se dessine sur son visage: " Tu nous amalgames, Rachel. Tu as envie de dire qu'on est du même bord, Esteban et moi. " .

-(Agacé) Du même bord…

- Et cette figure ravie de me renvoyer que je… ferais quelque peu... de la discrimination. Tu n'as rien remarqué... ?

-(Résigné) A ce stade là, oui, on prend le temps d’en parler, c'est préférable. Je vais te dire, Rachel : j’ai plutôt vu de l’agacement dans son regard. C’est surtout le fait que tu confondes encore Mon prénom, “ Esteban “, au bout de 3 ans de travail, avec le sien, " Cécile " , qui a pu l’énerver, je pense ! (Singeant ) ouh ouh ! Moi, c'est Esteban ! Elle, c'est Cécile ! On n'a pas le même sexe ! (Énervé et ironique) Tu vas bien, Rachel ? !

-(Confuse) Je t'explique : au départ, Cécile travaillait exclusivement à la garderie. J'ai donc mémorisé que c'était son lieu d'affectation. Puis, nouveau fonctionnement : chacun, chacune devait effectuer ses heures, et à la garderie, et à l'école. Alors qu’avant, chacun des deux lieux était nettoyé par un binôme fixe.

-Donc ?

-Tu es arrivé à Techni-eâu peu de temps après, et ensuite à la garderie. Un jour, pensant que j’allais lui parler, au téléphone, - alors que c’était toi au bout du fil -tu te rappelles non..? - j’ai fait l’erreur, par habitude, d'appeler la supposée interlocutrice : " Cécile " ...

-(Coupant) Ok… !

-... une première fois. Maintenant, je sais pas, vous avez un peu le même timbre de voix aussi, et bien.. ça m'échappe à chaque occasion.

-(Las) Ouille … Je réponds quoi à ça ? ça fait 2 ans, déjà.

-Difficile de me défaire de cette inversion, désolée.

-J’hallucine… Mais on est où… Écoute-toi, Rachel.

- En plus, vous êtes amis...

-Bref, t’as du mal à nous différencier, (Pouffant)… Je rêve ! Et Cécile doit être dans le même état que moi. (Honteux) Mais d'où tu sors, Rachel ? !

-Au final, ce que que je veux dire, c'est qu’à travers sa remarque : " tu nous confonds " , Cécile cherche à montrer qu'elle sait s'affirmer. Tu vois bien....

-(Blasé) Oh… De mieux en mieux !... ! Sacrée analyse ! -… " Affirmer sa particularité "

-... Elle ne se cache pas d'être... lesbienne…Voilà ! je lai dit ! !

-(Froid)... super... bravo ...

- Voilà, tu vois, j’attendais un minimum d’empathie de ta part, je me livre : une fois de plus, tu préfères me laisser parler pour mieux me juger ensuite... Pourtant, quand tu es au téléphone avec Cécile, là tu as du bagout et plus aucun tabou n’existe ! On est d'accord, là?

-Vas-y continue… On est en plein délire, il me semble...

-Non ce n'est pas du délire ! Moi, ce que pense, c’est que, exhiber cette... " singularité " , ça permet à Cécile de camoufler son manque d'assurance : elle profite de mon hésitation sur vos prénoms, pour me taxer subtilement d'homophobe. Et, ça, tout le monde s’en fiche, de ce qu'elle ressent, ... La Rachel !

(Esteban reste silencieux)

Et puis, pour info, à Dupuis, notre chef, ça lui est déjà arrivé de confondre vos prénoms...

-Dupuis ? Il s'est planté dans le planning, c’est tout.

-Avoue que tu as bien vu le petit sourire de satisfaction de Cécile durant la réunion quand même !

-Elle ne t’a jamais tenu ce genre de propos durant la réunion et tu ferais mieux de lui en parler directement, plutôt que de passer par moi !

-J'ouvre le sujet parce que tu es là et qu’en effet, ça vous est déjà arrivé d’avoir évoqué… sans complexe, sans retenue, … vos … affinités. Je te pensais plus ouvert...

-Parce qu’on devrait avoir de la retenue ? De mieux en mieux ! ! D'ailleurs, de quelles affinités tu parles ? hein ? C’est quoi ton problème, en fait ? Notre … liberté ??

-Et bien, de votre prise de liberté d’en parler, au boulot, de vos soirées… batifolages…

Batifolage ?

-Enfin vos soirées privées quoi... La dernière fois, je travaillais avec Cécile à l'école. Je remplaçais Eva et j’ai tout entendu : lorsque tu as appelé Cécile, vous discutiez tranquilles au téléphone, en plein travail, au sujet d'une soirée …” Inverslip “.

-... Inverslip ? ! ! ! (Esteban éclate de rire). Non : “ Inversexe ” !

-...En tous cas, j'étais à côté et c'était gênant …

-Ben t’as qu’à pas écouter, non mais on croit rêver ! Décroche de la vie privée de tes collègues ! Ça fera du bien à tout le monde ! A commencer par toi !

- Je ne suis pas sûre que d'ouvrir des sujets comme l'intimité, la politique ou la religion soit très approprié au travail ! Surtout quand on a du pain sur la planche.

-Et Monsieur Dupuis qui parle de ses petites sauteries avec ses poules ? ça ne te te gêne pas ?

Rachel et Esteban arrivent sur le parking.

- Décidément c’est difficile de discuter avec toi ; je vois bien que tu n’est pas réceptif. Écoute, ma voiture est là, désolé de t’avoir, une fois de plus, importuné avec mes états d'âme!

- On va mettre ça sur le compte de mon empressement bien sûr !

[...]

... Voir post " Présentation"

dc